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presque toutes les autres parties du produit de la ferme, au moyen de ces lois absurdes contre les accapareurs, regrattiers et intercepteurs[1], et par les privilèges des foires et marchés. On a déjà observé comment la prohibition de l’exportation des blés, jointe à quelque encouragement donné à l’importation des blés étrangers, arrêta les progrès de la culture dans l’ancienne Italie, le pays naturellement le plus fertile de l’Europe, et alors le siège du plus grand empire du monde. Il n’est peut-être pas aisé de s’imaginer jusqu’à quel point de telles entraves sur le commerce intérieur de cette denrée, jointes à la prohibition générale de l’exportation, doivent avoir découragé la culture dans des pays moins fertiles et qui se trouvaient moins favorisés par les circonstances.


CHAPITRE III.

comment les villes[2] se formèrent et s’agrandirent après la chute de l’empire romain.


Après la chute de l’empire romain, les habitants des villes ne furent pas mieux traités que ceux des campagnes. Ces villes étaient, il est vrai, composées d’une classe de gens bien différents des premiers habitants des anciennes républiques de Grèce et d’Italie. Ce qui composait principalement celles-ci, c’étaient les propriétaires des terres, entre lesquels le territoire public avait été originairement divisé, et qui avaient trouvé plus commode de bâtir leurs maisons dans le voisinage l’une de l’autre, et de les environner d’une muraille pour la défense commune. Au contraire, après la chute de l’empire romain, il paraît qu’en général les propriétaires des terres ont habité dans des châteaux forts, sur leurs propres domaines et au milieu de leurs tenanciers et de tous les gens de leur dépendance. Les villes étaient principalement habitées par des

  1. Ce délit de police, que les lois anglaises nomment forestalling, est distingué de celui qui se nomme engrossing, accaparer. Intercepter les denrées, c’est les attendre sur la route pour les acheter avant qu’elles arrivent au marché.
  2. Le texte porte les cités et les villes, parce qu’en Angleterre on distingue par le nom de cité les villes qui sont ou ont été siége d’un évêché ; mais cette distinction serait ici sans objet.