Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/545

Cette page a été validée par deux contributeurs.

duite chez eux. Une partie de la laine d’Espagne est travaillée dans les manufactures d’Angleterre, et une partie du drap qu’elle y produit retourne ensuite en Espagne.

Que le marchand dont le capital exporte le superflu[1] d’un pays, soit naturel de ce pays, soit étranger, c’est une chose fort peu importante. S’il est étranger, le nombre des ouvriers productifs se trouve d’un individu seulement être moindre que s’il eût été naturel du pays, et la valeur du produit annuel moindre de la valeur seulement du profit d’un individu. Les voituriers ou matelots qu’il emploie peuvent toujours être, ou de son propre pays ou du pays dont il s’agit, ou de quelque autre pays indifféremment, de la même manière que s’il eût été lui-même un naturel du pays. Le capital d’un étranger donne une valeur au superflu du produit de votre pays, tout comme le capital d’un de vos compatriotes, en échangeant ce superflu contre une denrée dont il y a demande chez vous. Il remplace tout aussi sûrement le capital de la personne qui produit ce superflu, et il la met tout aussi sûrement en état de continuer ses travaux ; ce qui est le genre principal de service par lequel le capital d’un marchand en gros contribue à soutenir le travail productif de la société dont il est membre, et à augmenter la valeur du produit annuel de cette société.

Il importe beaucoup plus que le capital du manufacturier réside dans le pays. Il met alors nécessairement en activité une plus grande quantité de travail productif, et ajoute une plus grande valeur au produit annuel des terres et du travail de la société. Il peut cependant être fort utile au pays encore qu’il n’y réside pas. Les capitaux des manufacturiers anglais qui mettent en œuvre le chanvre et le lin qui s’importent annuellement des côtes de la mer Baltique, sont sûrement très-utiles aux pays qui produisent ces denrées. Elles sont une partie du produit superflu de ces pays, et si ce superflu n’était pas annuellement échangé contre quelque chose qui y est en demande, il n’aurait plus aucune valeur, et cesserait bientôt d’être produit. Les marchands qui l’exportent remplacent les capitaux des gens qui le produisent, et par là les encouragent à continuer cette production, et les manufacturiers anglais remplacent les capitaux de ces marchands.

  1. Ce mot superflu désigne ici tout ce qu’un pays produit d’une marchandise quelconque au delà de ce qu’il en consomme lui-même (en anglais surplus produce).