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pour la plupart, en excédant de ce que la circulation du pays pouvait absorber et tenir employé, ils refluèrent vers la banque, pour y être convertis en or et en argent, tout aussi vite qu’ils étaient émis. Dès l’origine, la caisse de cette banque fut mal fournie. Le capital des actionnaires, réglé par deux souscriptions différentes, devait s’élever à une somme de 160,000 livres ; mais les fonds effectivement versés ne dépassèrent pas 80 pour 100 de cette somme. La souscription devait être payée par les soumissionnaires, en plusieurs payements. Une grande partie de ceux-ci, en faisant leur premier payement, ouvrirent un compte courant avec la banque, et les directeurs, se croyant obligés de traiter leurs propres capitalistes avec la même générosité qu’ils traitaient toutes les autres personnes, permirent à beaucoup d’entre eux d’emprunter sur leur compte courant ce qu’ils payaient à la banque pour les termes subséquents de leurs soumissions. Ainsi ces payements ne faisaient que mettre dans un des coffres de la banque ce qu’on venait d’ôter d’un autre. Mais quand même les coffres de cette banque auraient été beaucoup mieux fournis, son excessive émission de papier les aurait si promptement vidés, qu’aucun expédient n’eût pu suffire à les tenir assez garnis, si ce n’est l’expédient ruineux de tirer sur Londres et, à l’échéance de la lettre, de la payer avec intérêts et commission, par le moyen d’une autre traite sur la même place. Les coffres de cette banque ayant été aussi peu remplis dès l’origine, on dit qu’elle s’est vue réduite à cette ressource très-peu de mois après qu’elle eut commencé ses opérations. Les propriétés foncières des actionnaires de la banque valaient plusieurs millions, et au moyen de leur signature dans l’acte de société originaire de la banque, ces propriétés se trouvaient réellement hypothéquées à l’exécution de tous les engagements pris par elle. Le grand crédit que lui donna nécessairement une hypothèque aussi étendue la mit en état, malgré sa conduite trop facile, de tenir encore pendant plus de deux ans. Quand elle fut obligée d’arrêter ses opérations, elle avait pour environ 200,000 livres de ces billets en circulation. Pour soutenir la circulation de ces billets, qui lui revenaient sans cesse aussitôt qu’ils étaient émis, elle avait constamment fait usage de la pratique de tirer des lettres de change sur Londres, dont le nombre et la valeur allèrent toujours en augmentant, et qui s’élevaient, au moment où elle ferma, à plus de 600,000 livres. Ainsi, dans un espace d’un peu plus de deux ans, cette banque avança à différentes personnes au-delà de 800 000 livres à 5 pour 100. Sur les 200,000 livres qui circulaient en billets, ces