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entreprises des hommes de génie, à des entreprises faites pour augmenter l’éclat, la prospérité, l’opulence nationale. Le devoir des banques.. à ce qu’ils semblaient s’être imaginé, était de leur prêter pour un aussi long temps et pour d’aussi fortes sommes qu’ils pouvaient désirer d’emprunter. Néanmoins les banques, en refusant ainsi de donner plus de crédit à des gens à qui elles n’en avaient déjà que beaucoup trop accordé, prirent le seul moyen qui leur restât pour sauver ou leur propre crédit, ou le crédit public de leur pays.

Au milieu de cette détresse et de ces clameurs, il s’éleva en Écosse une banque nouvelle, établie exprès pour remédier aux maux dont le pays était menacé[1]. Le dessein était généreux, mais l’exécution en fut imprudente, et on ne sentit peut-être pas très-bien quelles étaient la nature et les causes des maux auxquels on voulait porter remède. Cette banque fut plus facile pour accorder des comptes courants ou pour escompter des lettres de change, qu’aucune banque ne l’avait jamais été. Quant à ces lettres, il paraît qu’elle ne faisait presque aucune différence entre les lettres de change sérieuses et les lettres circulantes, mais qu’elle les escomptait toutes indistinctement. Cette banque affichait hautement pour principe, d’avancer, sur des sûretés raisonnables, la totalité du capital des entreprises dont les rentrées sont les plus lentes et les plus éloignées, telles que celles qui consistent à améliorer des terres. On disait même que l’encouragement de pareilles améliorations était l’intention capitale de l’esprit de patriotisme qui avait dirigé l’institution de cette banque. Cette grande facilité à accorder des comptes courants et à escompter des lettres de change donna lieu, comme on peut croire, à une immense émission de billets. Mais ces billets étant,

  1. Cette banque commença ses opérations à Ayr, en novembre 1769, sous la raison Douglas, Héron et comp., et elle avait des succursales à Édimbourg et à Dumfries. Elle suspendit ses payements le 25 juin 1772. À cette époque, quoique son capital réalisé ne fût que de 128,000 livres sterling (80 pour 100 de 100,000 livres sterling), elle avait encouru des obligations pour la somme énorme de 800,000 livres sterling, c’est-à-dire 600,000 livres sterling de dettes accumulées à Londres, et 200,000 livres sterling de billets en circulation. La grande fortune privée des sociétaires leur permit à la fin de répondre à toutes les réclamations sur la banque. La perle totale encourue avant la suspension totale de ses opérations s’élevait, dit-on, à 400,000 livres sterling. — Voyez l’ouvrage intitulé : Precipitation and fall of Messrs. Douglas, Heron et comp. ; in-4o, Edimburgh, 1778. Mac Culloch.