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leurs payements selon que l’état de leurs affaires prospère ou décline. Un particulier qui prêtera son argent à une demi-douzaine ou à une douzaine de personnes peut bien faire par lui-même ou par ses agents des observations et des recherches exactes et suivies sur la conduite et la situation de chacun de ses débiteurs ; mais une compagnie de banque, qui prête son argent à peut-être cinq cents personnes différentes, et qui a à donner une attention continuelle à des objets d’une tout autre nature, ne peut guère prendre d’autres informations, sur la conduite et l’état des affaires de la majeure partie de ses débiteurs, que celles qu’elle trouvera dans ses propres livres. C’est vraisemblablement cet avantage que les compagnies de banque écossaises avaient en vue en exigeant de tous leurs correspondants des remboursements fréquents et réguliers.

En second lieu, par cette précaution, les banques se garantissaient elles-mêmes de la possibilité d’émettre plus de papier-monnaie que n’en pouvait absorber aisément la circulation du pays. Quand elles observaient que, dans un espace de temps modéré, les remboursements d’un de leurs correspondants étaient, la plupart du temps, en balance exacte avec les avances qu’elles lui avaient faites, elles pouvaient être sûres que le papier qu’elles lui avaient avancé n’avait jamais excédé la quantité d’espèces qu’il eût été obligé sans cela de tenir en réserve pour faire face aux demandes du moment et que, par conséquent, le papier-monnaie qu’elles avaient mis en circulation par la voie de ce correspondant n’avait jamais excédé la quantité d’espèces qui aurait circulé dans le pays par la même voie, s’il n’y eût pas eu de papier-monnaie. La fréquence, la régularité et le montant des acomptes payés par ce négociant étaient une démonstration suffisante que le montant des avances des banques n’avait jamais excédé cette partie de son capital qu’il aurait été sans cela obligé de garder chez lui sans emploi et en argent comptant, pour satisfaire aux demandes du moment, c’est-à-dire pour le mettre en état de tenir constamment employé le reste de son capital. Il n’y a que cette partie du capital d’un négociant qui sorte et rentre sans cesse dans ses mains dans de courts espaces de temps, sous la forme de monnaie, soit en espèces, soit en papier. Si les avances des banques eussent ordinairement excédé cette partie de son capital, le montant ordinaire de ses remboursements dans un court espace de temps n’aurait pu balancer le montant des avances à lui faites. Le courant qui serait entré continuellement dans le bassin par le