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Ce qu’une banque peut avancer, sans inconvénient, à un négociant ou à un entrepreneur quelconque, ce n’est ni tout le capital avec lequel il commence, ni même une partie considérable de ce capital, mais c’est seulement cette part de son capital qu’il serait autrement obligé de garder par devers lui, sans emploi et en argent comptant, pour faire face aux demandes accidentelles. Si le papier-monnaie que la banque avance n’excède jamais cette valeur, alors il n’excédera pas la valeur de l’or et de l’argent qui circuleraient nécessairement dans le pays, supposé qu’il n’y eût pas de papier-monnaie ; donc il n’excédera jamais la quantité que la circulation du pays peut aisément absorber et tenir employée.

Quand une banque escompte à un négociant une lettre de change réelle, tirée par un véritable créancier sur un véritable débiteur, et qui est réellement payée à son échéance par ce débiteur, elle ne fait que lui avancer une partie de la valeur qu’il aurait été sans cela obligé de garder sans emploi et en argent comptant, pour faire face aux demandes du moment. Le payement de la lettre de change, à son échéance, remplace à la banque la valeur de ce qu’elle a avancé, y compris l’intérêt. La caisse de la banque, en tant qu’elle se borne à faire des affaires avec des personnes de ce genre, ressemble à un bassin dont il sort continuellement un courant d’eau, mais dans lequel il en entre aussi continuellement un autre parfaitement égal en volume à celui qui sort, de manière que, sans exiger d’autre soin ni d’attention, le bassin demeure toujours également plein ou à peu près. Pour tenir la caisse d’une telle banque toujours suffisamment remplie, il ne faut que peu ou point de dépense.

Sans excéder les bornes de son commerce, un négociant peut souvent avoir besoin d’une somme d’argent comptant, même sans avoir de lettre de change à escompter. Quand la banque, outre le service de lui escompter des lettres de change, lui fait encore dans ses besoins du moment l’avance de ces sommes sur son compte courant et en reçoit le remboursement petit à petit, à mesure que l’argent rentre à ce négociant par la vente journalière de ses marchandises, ainsi que les compagnies de banque écossaises en donnent la facilité, elle le dispense entièrement de la nécessité de garder par devers lui aucune partie de son capital sans emploi et en argent comptant, destinée à faire face aux demandes qui surviennent d’un instant à l’autre. Quand ces demandes se présentent, il trouve suffisamment de quoi y faire