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ment l’une ou l’autre de ces deux valeurs, et plus proprement la dernière que la première.

Quand le papier est substitué à la monnaie d’or et d’argent, la quantité de matières, d’outils et de subsistances que peut fournir la masse totale du capital circulant, peut être augmentée de toute la valeur de l’or et de l’argent qu’on avait coutume d’employer pour les acheter. La valeur entière de la grande roue de circulation et de distribution est ajoutée elle-même à la masse des marchandises qui circulaient et se distribuaient par son moyen. C’est en quelque sorte une opération semblable à celle de l’entrepreneur d’une grande fabrique, qui, par suite de quelque heureuse découverte en mécanique, réforme ses anciennes machines, et profite de la différence qui existe entre leur prix et celui des nouvelles, pour l’ajouter à son capital circulant à la masse où il puise de quoi fournir à ses ouvriers des matériaux et des salaires.

La proportion dans laquelle la somme d’argent en circulation dans un pays est à la valeur totale du produit annuel qu’elle fait circuler, est peut-être impossible à déterminer. Différents auteurs l’ont évaluée au cinquième, au dixième, au vingtième et au trentième de cette valeur. Mais quelque petite qu’on suppose la proportion de la somme d’argent en circulation relativement à la somme du produit annuel, comme il n’y a jamais qu’une portion et souvent qu’une petite portion de ce produit qui soit destinée au soutien de l’industrie, la somme d’argent en circulation doit toujours se trouver très-considérable, relativement à cette portion. Ainsi quand, au moyen de la substitution du papier, l’or et l’argent nécessaires à la circulation se trouvent réduits peut-être à un cinquième de la première somme qui en existait, n’y eût-il seulement que la valeur des quatre autres cinquièmes d’ajoutée au fonds destiné au soutien de l’industrie, ce doit toujours être une addition très-considérable à la quantité de cette industrie et, par conséquent, à la valeur du produit annuel de la terre et du travail.

Il s’est fait en Écosse, depuis vingt-cinq à trente ans, une opération de ce genre, au moyen de nouvelles compagnies de banque qui se sont établies dans presque toutes les villes un peu considérables, et même dans quelques villages. Les effets en ont été précisément ceux que je viens de décrire. Presque toutes les affaires du pays se font avec le papier de ces différentes compagnies de banque, qui sert communément aux achats et aux payements de toute sorte. On ne voit presque point d’argent, si ce n’est pour changer un billet de banque de 20 schellings,