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bits, de meubles de ménage, etc., qui ont été achetés par leurs consommateurs, mais qui ne sont pas encore entièrement consommés. Une partie encore de cette première branche, c’est le fonds total des maisons de pure habitation, existant actuellement dans le pays. Le capital qu’on place en une maison, si elle est destinée à être le logement du propriétaire, cesse dès ce moment de faire fonction de capital ou de rapporter à son maître un revenu. Une maison servant de logement ne contribue en rien, sous ce rapport, au revenu de celui qui l’occupe ; et quoique, sans contredit, elle lui soit extrêmement utile, elle l’est comme ses habits et ses meubles de ménage, qui lui sont aussi très-utiles, mais qui pourtant font une partie de sa dépense et non pas de son revenu[1]. Si la maison est destinée à être louée à quelqu’un, comme elle ne peut rien produire par elle-même, il faut toujours que le locataire tire le loyer qu’il paye, de quelque autre revenu qui lui vient ou de son travail, ou d’un capital, ou d’une terre. Ainsi, quoiqu’une maison puisse donner un revenu à son propriétaire, et par là lui tenir lieu d’un capital, elle ne peut donner aucun revenu au public, ni faire, à l’égard de la société, fonction de capital ; elle ne peut jamais ajouter la plus petite chose au revenu du corps de la nation. Les habits et les meubles meublants rapportent bien aussi quelquefois un revenu de la même manière à certains particuliers, auxquels ils tiennent lieu d’un capital. Dans les pays où les mascarades sont beaucoup en usage, c’est un métier que de louer des habits de masque pour une nuit. Les tapissiers louent fort souvent des ameublements au mois ou à l’année. Les entrepreneurs des convois louent, au jour ou à la semaine, l’attirail qui sert aux funérailles. Beaucoup de gens louent des maisons garnies et tirent un revenu, non-seulement du loyer de la maison, mais encore de celui des meubles. Toutefois, le revenu qu’on retire de toutes les choses de cette es-

  1. Une maison d’habitation est au moins indirectement, sinon directement, une source de revenu. Toute entreprise utile ou industrieuse exige que ceux qu’elle emploie soient logés. Il en résulte donc que le capital employé à bâtir des maisons pour ces personnes est aussi bien employé pour l’avantage public que celui employé à acheter les outils et instruments nécessaires pour accomplir leurs fonctions respectives. Par exemple, la possession d’une maison n’est pas moins nécessaire qu’une navette à l’exercice de son industrie ; et si l’on dit que la dernière est un instrument productif, parce qu’elle facilite le travail du tisserand, la première, pour la même raison, doit être aussi productive. Mac Culloch.