Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/382

Cette page a été validée par deux contributeurs.

presque rien, résultat nécessaire de l’amélioration du pays, concourent de la même manière à faire monter en valeur le produit de la laiterie, produit dont le prix a une connexion naturelle avec celui de la viande de boucherie ou avec la dépense que coûte la nourriture du bétail. L’augmentation de ce prix paye un surcroît de peine, de soins et de propreté. Le laitage mérite alors davantage l’attention du fermier, et sa qualité se perfectionne de plus en plus. Le prix enfin en monte assez haut pour qu’il vaille la peine qu’on emploie quelques-unes des terres les plus fertiles et les mieux cultivées à nourrir des bestiaux exprès pour en avoir le lait ; et quand le prix a monté jusqu’à ce point, il ne peut guère aller plus haut. S’il montait davantage, on n’y consacrerait bientôt plus de terre[1]. Il paraît qu’il a atteint ce maximum dans la majeure partie de l’Angleterre, où communément on emploie à cet objet beaucoup de bonnes terres. Si vous en exceptez le voisinage d’un petit nombre de grandes villes, il ne paraît pas encore être arrivé à ce point dans aucun autre endroit de l’Écosse, où il est rare de voir les fermiers ordinaires consacrer beaucoup de bonnes terres à nourrir des bestiaux, uniquement pour leur lait. Le prix de ce produit est vraisemblablement encore trop bas pour le permettre, quoique depuis quelques années il ait considérablement monté. Il est vrai que, comparé au laitage d’Angleterre, l’infériorité de qualité répond bien en entier à celle du prix ; mais cette infériorité de qualité est peut-être plutôt l’effet de la modicité du prix qu’elle n’en est la cause. Quand même la qualité serait beaucoup meilleure qu’elle n’est, j’imagine que, dans l’état actuel du pays, la plus grande partie de ce qu’on en porte au marché ne pourrait pas y trouver le débit à un beaucoup plus haut prix ; et il est vraisemblable, d’un autre côté, que le prix actuel ne pourrait pas payer la dépense de terre et de travail nécessaire pour produire du lait d’une beaucoup meilleure qualité. Quoique le laitage soit à un prix plus élevé dans la majeure partie de l’Angleterre, cependant cette nature d’emploi

  1. Le prix du lait peut facilement dépasser cette limite dans une grande ville, parce qu’il est impossible de le faire venir d’une certaine distance, et que les terres environnantes ne sont pas toujours en état d’y suffire. C’est ce qui arrive à Londres : la plupart des terres voisines sont consacrées au pâturage, qui leur fait produire un revenu plus élevé que par la culture du blé. Au delà de cette limite, le lait doit être converti en beurre et en fromage, qui ne procurent pas un profit aussi avantageux. Buchanan.