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annuelle pourrait excéder pendant quelque temps l’importation annuelle ; mais alors la masse de ces métaux diminuerait insensiblement et par degrés, et leur valeur hausserait aussi insensiblement et par degrés, jusqu’à ce que, l’importation annuelle rétablissant le niveau, la consommation annuelle vînt à se régler insensiblement et par degrés à ce que cette importation annuelle peut fournir.


des motifs qui ont fait soupçonner que la valeur de l’argent
continuait toujours à baisser
[1].


Ce qui porte beaucoup de gens à croire que la valeur des métaux

  1. Il est incontestable que depuis l’année 1773 la valeur de l’or et de l’argent a fortement baissé ; et l’énorme accroissement de la circulation en papier, abstraction faite de sa dépréciation, nous présente une explication suffisante de ce fait. C’est principalement pour les besoins des échanges commerciaux que les métaux précieux sont si fortement recherchés. Mais si dans cette fonction ils sont surpassés par le papier, ils seront moins demandes, et naturellement auront moins de valeur. L’invention de la circulation de papier donne lieu aux mêmes effets que la découverte d’une mine nouvelle et très-productive, puisque la circulation ainsi alimentée à peu de frais et dans une proportion indéfinie, laisse une plus grande masse de métaux précieux pour d’autres usages. Lord Liverpool a constaté qu’en 1774, lors d’une nouvelle émission de monnaies d’or dans ce pays, il avait été apporté à la Monnaie pour la refonte 21 millions de guinées, outre un excédant de 10 millions qui fut maintenu en circulation. Mais il n’est pas probable qu’il existe maintenant dans la circulation plus de 4 à 5 millions : et l’équilibre s’étant étendu sur tout le marché du monde, a dû tendre généralement à réduire la valeur des métaux précieux*. Dans la circulation de la Grande-Bretagne, les monnaies d’or dominent ; mais dans la plupart des autres pays, l’argent est la monnaie principale. Si toutefois la circulation en papier prenait dans les autres parties du monde le développement qu’elle a acquis en Angleterre, une énorme quantité d’argent se trouverait sans emploi, et sa valeur éprouverait naturellement une baisse proportionnée. Le contingent des métaux précieux fourni par les mines de l’Amérique s’est aussi fortement accru dans ces quatre-vingts dernières années. L’Amérique espagnole principalement a vu, dès l’année 1770, son commerce et sa population faire de rapides progrès : et les travaux de mines y ont été

    *. M. Jacob estime, dans son excellent ouvrage Recherches historiques sur la production a lu consommation des métaux précieux, (Londres 1831, 2 vol. in-8o, non traduit), que la masse de métaux précieux monnayés existant en Europe s’élevait à neuf milliards de francs environ en 1809, et seulement à 7 milliards 72 millions de francs a la fin de 1829, soit une diminution d’un sixième sur la masse totale. Cette diminution provient, selon l’auteur, pour un peu plus de trois cinquièmes, de l’emploi des métaux précieux dans les arts, et pour les deux cinquièmes restant, de l’exportation en Asie. A. B.