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rait pas pu suffire à payer l’ancienne taxe ; la quantité d’argent annuellement portée au marché doit être nécessairement un peu plus grande, et la valeur, par conséquent, d’une quantité donnée d’argent doit être un peu moindre qu’elle ne l’aurait été sans cela. Quoique la valeur de l’argent, dans le marché de l’Europe, ne soit peut-être pas aujourd’hui au-dessous, malgré la réduction de taxe qui a eu lieu en 1736, de ce qu’elle était avant cette réduction, néanmoins elle est probablement au moins de 10 pour 100 plus bas qu’elle n’aurait été si la cour d’Espagne eût continué à exiger l’ancienne taxe.

Mais que, malgré cette réduction, la valeur de l’argent ait commencé à hausser de quelque chose dans le marché de l’Europe pendant le cours du siècle actuel, c’est ce que les faits et les raisonnements rapportés ci-dessus me portent à croire, ou plutôt à conjecturer, à soupçonner ; car je ne peux donner que comme conjecture l’opinion la plus sûre que je me suis faite à ce sujet. La hausse, il est vrai, en supposant qu’il y en ait une, a été si faible, jusqu’à présent, que malgré tout ce qui a été dit, il pourra peut-être paraître incertain à beaucoup de personnes, non-seulement si cet événement a réellement eu lieu, mais même si le contraire n’est pas arrivé, ou si la valeur de l’argent ne continue pas toujours à baisser dans le marché de l’Europe[1].

Il faut toutefois observer que, quelle que puisse être l’importation annuelle d’or et d’argent, il doit nécessairement arriver une certaine période à laquelle la consommation annuelle de ces métaux sera égale à leur importation annuelle. Leur consommation doit augmenter à mesure qu’augmente leur masse totale, ou plutôt elle doit augmenter dans une proportion beaucoup plus forte. À mesure que leur masse augmente, leur valeur diminue ; on en fait un plus grand usage ; on en a moins de soin, et conséquemment leur consommation croît dans une plus grande proportion que leur masse. Ainsi, après une certaine période, la consommation annuelle de ces métaux doit devenir égale à leur importation annuelle, à moins que cette importation n’aille continuellement en augmentant ; ce qui n’est pas le cas qu’on puisse supposer dans les circonstances actuelles.

La consommation annuelle une fois arrivée au niveau de l’importation annuelle, si celle-ci venait à diminuer par degrés, alors la consommation

  1. Il n’y a pas de doute que la valeur l’or et de l’argent n’ait considérablement baissé depuis un demi-siècle. Buchanan.