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mines suffise non-seulement à cette augmentation toujours croissante de demande, pour monnaie, pour vaisselle et pour bijoux, qui vient de tous les pays où l’opulence est progressive, mais encore à réparer la consommation et le déchet continuel d’argent qui a lieu dans tous les pays où l’on fait usage de ce métal.

Il est aisé de se former une idée de la consommation de métaux précieux qui se fait continuellement dans les monnaies et dans les ouvrages d’orfèvrerie, par le frottement résultant du service, particulièrement dans la vaisselle par le nettoyage ; et dans une marchandise dont l’usage est si prodigieusement étendu, cet article seul exigerait tous les ans un remplacement considérable. Mais une consommation encore plus sensible, parce qu’elle est bien plus rapide, quoique au total elle ne soit peut-être pas plus forte que l’autre, qui se fait successivement, c’est celle qui a lieu dans certaines manufactures. Dans celles de Birmingham seulement, la quantité d’or et d’argent qui s’emploie annuellement en feuilles et dans des ouvrages de dorure, et qui est mise par là hors d’état de reparaître jamais sous la forme de métal, s’élève, dit-on, à plus de 50,000 livres sterling. Nous pouvons juger, d’après cela, quelle énorme consommation il s’en fait chaque année dans toutes les différentes parties du monde, tant en ouvrages du genre de ceux de Birmingham, qu’en galons, broderies, étoffes d’or et d’argent, dorure de livres, de meubles, etc. Il se perd aussi tous les ans une quantité considérable de ces métaux dans le transport qui s’en fait par terre et par mer. Enfin, il s’en perd encore une bien plus grande quantité par la pratique, presque universellement usitée dans la majeure partie des pays asiatiques, de cacher dans les entrailles de la terre des trésors dont la connaissance meurt souvent avec la personne qui les a enfouis.

D’après les meilleurs rapports, la quantité d’or et d’argent importée tant à Cadix qu’à Lisbonne, en comptant non-seulement ce qui est enregistré, mais encore ce qu’on peut supposer passer en fraude, s’élève par an à 6,000,000 sterling environ.

Selon M. Meggens[1], l’importation annuelle des métaux précieux en

  1. Post-scriptum du Négociant universel, pages 15 et 16. Ce post-scriptum n’a été imprimé qu’en 1756, trois ans après la publication de l’ouvrage, qui n’a jamais eu de seconde édition. Ainsi il y a eu peu d’exemplaires où se trouve ce post-scriptum, qui contient la correction de quelques erreurs du texte.
    (Note de l’auteur.)