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Ainsi, en supposant même les mines qui fournissent le marché de l’Inde aussi abondantes que celles qui fournissent le marché de l’Europe, ces marchandises précieuses ne s’en seraient pas moins naturellement échangées, dans l’Inde, contre une plus grande quantité de subsistances qu’en Europe. Mais il paraît que les mines qui ont fourni de métaux précieux le marché de l’Inde ont été beaucoup moins abondantes, et que celles qui l’ont fourni de pierres précieuses l’ont été beaucoup plus que les mines qui ont fourni le marché de l’Europe. Ainsi, les métaux précieux ont dû naturellement, dans l’Inde, obtenir en échange une quantité de pierres précieuses plus grande qu’en Europe, et une quantité de nourriture encore beaucoup plus considérable. Le prix des diamants, la plus grande des superfluités, a dû être, en argent, un peu plus bas dans un pays que dans l’autre, et celui de la nourriture, la première des choses nécessaires infiniment moindre. Mais, comme on l’a déjà remarqué[1], le prix réel du travail, la quantité réelle de choses propres aux besoins et commodités de la vie qu’on donne à l’ouvrier, est moindre à la Chine et dans l’Indoustan, les deux grands marchés de l’Inde, qu’elle n’est dans la plus grande partie de l’Europe. Le salaire qu’y reçoit l’ouvrier et achètera une moindre quantité de nourriture ; et comme le prix en argent de la nourriture est bien plus bas dans l’Inde qu’en Europe, le prix du travail en argent y est plus bas sous un double rapport ; sous le rapport de la petite quantité de nourriture qu’il peut acheter, et encore sous le rapport du bas prix de cette nourriture. Or, dans des pays où il y a égalité d’art et d’industrie, le prix pécuniaire de la plupart des ouvrages de main-d’œuvre sera proportionné au prix pécuniaire du travail ; et en fait d’ouvrages de manufactures, l’art et l’industrie, quoique inférieurs, ne sont pas, à la Chine et dans l’Indoustan, fort au-dessous de ce qu’ils sont en quelque endroit de l’Europe que ce soit. Par conséquent, le prix en argent de la plupart des ouvrages de main-d’œuvre sera naturellement beaucoup plus bas dans ces grands empires, qu’il ne le sera en aucun endroit de l’Europe. D’ailleurs, dans la majeure partie de l’Europe, les frais de transport par terre augmentent beaucoup le prix tant réel que nominal de la plupart des ouvrages de main-d’œuvre. Il en coûte plus de travail et, par conséquent, plus d’argent, pour transporter au marché, d’abord les matières premières, et ensuite l’ouvrage manufacturé.

  1. Chap. viii.