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Le premier de ces événements fut la guerre civile, qui, en décourageant l’agriculture et en interrompant le commerce, a dû élever le prix du blé fort au-dessus de ce qu’aurait pu faire sans cela l’intempérie des saisons. Elle doit avoir produit cet effet, plus ou moins, sur tous les différents marchés du royaume, mais particulièrement sur ceux du voisinage de Londres, qui sont obligés de s’approvisionner dans une étendue de terrain plus grande. Aussi, en 1648, d’après les mêmes comptes, le plus beau froment, au marché de Windsor, paraît-il avoir coûté jusqu’à 4 livres 5 schellings le quarter de neuf boisseaux, et en 1649 jusqu’à 4 livres. Ces deux années ensemble font un excédent de 3 livres 5 schellings sur les 2 livres 10 schellings, prix moyen des seize années antérieures à 1637, lequel excédent, réparti sur les soixante-quatre dernières années du siècle dernier, suffirait presque seul pour rendre raison du léger renchérissement qui paraît s’y faire remarquer. Cependant ces deux prix, quoique les plus hauts, ne sont pas les seuls hauts prix que les guerres civiles paraissent avoir occasionnés.

Le second de ces événements, ce fut la prime accordée, en 1688, à l’exportation du blé. Beaucoup de gens se sont figuré que la prime, en encourageant la culture, pouvait, dans une longue suite d’années, occasionner une plus grande abondance et, par conséquent, une plus grande diminution du prix du blé dans le marché intérieur que celle qui aurait eu lieu sans cela. J’examinerai dans la suite[1] jusques à quel point les primes peuvent, dans aucun temps, produire un semblable effet ; j’observerai seulement, pour le présent, qu’elles n’auraient pas eu le temps de produire cet effet de 1688 à 1700. Pendant cette courte période, le seul effet qu’elles aient dû produire, c’est d’avoir fait monter le prix du blé sur le marché intérieur, en encourageant l’exportation du produit surabondant de chaque année, et en empêchant par là que la disette d’une année ne se trouvât compensée par l’abondance d’une autre. La prime doit avoir ajouté quelque chose à l’effet de la disette qui a eu lieu en Angleterre de 1693 inclusivement jusques à 1699 aussi inclusivement, quoique cette disette doive être sans doute attribuée principalement aux mauvaises saisons et que, par conséquent, elle se soit fait sentir dans une partie considérable de l’Europe. Aussi, en 1699 l’exportation du blé fut-elle prohibée pour neuf mois.

Il y a encore un troisième événement qui eut lieu dans le cours de

  1. Chapitre v du livre IV.