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rence du prix des subsistances est très-grande entre la Chine et l’Europe. Le riz est à beaucoup meilleur marché en Chine que ne l’est le blé en aucun lieu de l’Europe. L’Angleterre est beaucoup plus riche que l’Écosse ; mais la différence du prix du blé en argent entre ces deux pays est beaucoup moindre, et elle est à peine sensible. Eu égard à la quantité ou mesure, le blé d’Écosse paraît, en général, à bien meilleur marché que le blé d’Angleterre ; mais eu égard à la qualité, il est certainement un peu plus cher. L’Écosse tire presque tous les ans de l’Angleterre de grosses provisions de blé, et il faut bien qu’une marchandise soit un peu plus chère dans le pays où on l’apporte, que dans celui d’où elle vient[1]. Le blé d’Angleterre est donc nécessairement plus cher en Écosse qu’en Angleterre même, et cependant, en proportion de sa qualité ou de la quantité et bonté de la farine qu’on peut en retirer, il ne peut pas s’y vendre communément à plus haut prix que le blé d’Écosse, qui vient avec lui en concurrence au marché.

La différence du prix du travail en argent entre la Chine et l’Europe est encore bien plus forte que celle du prix des subsistances en argent, parce que la récompense réelle du travail est plus élevée en Europe qu’à la Chine, la plus grande partie de l’Europe étant dans un état de progrès, pendant que la Chine semble rester toujours au même point. Le prix du travail en argent est plus élevé en Écosse qu’en Angleterre, parce que la récompense réelle du travail y est beaucoup moindre, l’Écosse, quoique dans un état de progrès vers une plus grande opulence, avançant néanmoins beaucoup plus lentement que l’Angleterre. Une bonne preuve que la demande du travail est fort différente dans ces deux pays, c’est la quantité de personnes qui émigrent d’Écosse, et le peu qui émigrent d’Angleterre. Il faut se rappeler que ce qui règle naturellement la proportion de la récompense réelle du travail entre différents pays, ce n’est pas leur richesse ou leur pauvreté actuelle, mais leur condition progressive, stationnaire ou rétrograde,

Comme l’or et l’argent, n’ont nulle part naturellement plus de valeur que parmi les nations les plus riches, ils n’en ont aussi nulle part moins que parmi les plus pauvres. Chez les nations sauvages, les plus pauvres de toutes, ces métaux ont à peine une valeur.

  1. Ce n’est plus aujourd’hui le cas depuis longtemps. Les exportations de blé d’Écosse en Angleterre dépassent généralement les importations. Mac Culloch.