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ne contenaient que deux onces d’argent, poids de la Tour, et valaient environ 10 schellings de notre monnaie d’à présent.

D’après plusieurs différents statuts, il paraît que, depuis la vingt-cinquième année d’Édouard III, jusqu’au commencement du règne d’Élisabeth, pendant un espace de plus de deux cents ans, ce qu’on appelle le prix modéré et raisonnable du blé, c’est-à-dire son prix moyen et ordinaire, a toujours continué à s’évaluer à 6 schellings 8 deniers. À la vérité, la quantité d’argent contenue dans cette somme nominale alla continuellement en diminuant pendant le cours de cette période, par suite des altérations qui se firent dans la monnaie ; mais l’augmentation de la valeur de l’argent avait, à ce qu’il semble, tellement compensé la diminution de la quantité contenue dans la même somme nominale, que la législature ne pensa pas que ces altérations valussent la peine de s’en occuper.

Ainsi, en 1436, il fut statué qu’on pourrait exporter du blé sans permission, quand le prix serait descendu jusqu’à 6 sch. 8 deniers, et en 1463 il

    dante consommation de métaux précieux. Mais tout ce qui résulta de cet accroissement dans la consommation de cet article, c’est que le travail de l’exploitation s’étendit dans la même proportion que les demandes, sans que pour cela ce travail fût plus dispendieux, et sans que la valeur de l’argent en fût augmentée. Les mines qui alors fournissaient à l’approvisionnement du monde étaient si peu dans un état d’épuisement, qu’encore aujourd’hui quelques-unes d’entre elles suffisent à payer leurs frais, malgré l’énorme dépréciation de l’argent, et peuvent concourir avec celles du Nouveau-Monde à fournir les marchés de l’Europe. Sur un total de 150 millions et demi auxquels on évalue le produit des mines d’argent des deux Mondes, dans une année moyenne de 1803 à 1809, 13 millions et demi, plus du douzième de la provision annuelle, proviennent des mines de l’Europe et de l’Asie. On peut regarder les mines des métaux précieux comme un fonds inépuisable, capable de fournir a toutes les demandes de la consommation, à quelque point qu’elles s’étendent, et sans qu’on puisse assigner de bornes à ce produit, tant que les consommateurs consentiront à donner la quantité de subsistances nécessaires pour alimenter et entretenir le travail de l’exploitation. Depuis la découverte de l’Amérique, la fécondité de cette contrée en métaux précieux ne semble pas avoir éprouvé la plus légère diminution, quoiqu’on en ait retiré pour une valeur de plus de 33 milliards de francs. Si la presque totalité des anciennes mines d’Europe sont aujourd’hui fermées, ce n’est pas pour cause d’épuisement, c’est parce que la plus féconde de celles qu’on a été forcé d’abandonner était d’un produit inférieur à la moins fertile de celles qui sont actuellement en exploitation.

    Garnier.