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de ce temps-là, contenant quatre onces d’argent, poids de la Tour[1].

Différents faits nous autorisent, en quelque sorte, à conclure que, vers le milieu du quatorzième siècle, et encore un certain temps auparavant, le prix moyen ou ordinaire du quarter de blé n’était pas au-dessus de quatre onces d’argent, poids de la Tour.

Depuis le milieu environ du quatorzième siècle jusqu’au commencement du seizième, ce qu’on regarde comme le prix raisonnable et modéré du blé, c’est-à-dire son prix moyen ou ordinaire, paraît avoir baissé successivement jusqu’à la moitié environ du prix ci-dessus, de manière à être tombé enfin à près de deux onces d’argent, poids de la Tour, faisant environ 10 schellings de notre monnaie actuelle. Il est demeuré à ce prix jusqu’à 1570 environ.

Dans le journal de dépense de Henri, cinquième comte de Northumberland, à la date de 1512, il y a deux différentes estimations du blé ; dans l’une, il est compté à 6 schellings 8 deniers le quarter, et dans l’autre, à 5 schellings 8 deniers seulement ; en 1512, 6 schellings 8 deniers

  1. Smith ayant une fois admis une prétendue augmentation de la valeur de l’argent, qui serait survenue à la fin du quinzième siècle, éprouve quelque embarras à en rechercher la cause.

    Une grande difficulté qu’il ne songe point à résoudre, c’est de savoir comment, depuis les huitième et neuvième siècles, la valeur de l’argent aurait éprouvé une baisse considérable qui aurait duré pendant trois à quatre siècles, et pour quelle raison ce métal aurait valu au treizième siècle deux ou trois fois moins qu’il ne valait au temps de Charlemagne. Mais Smith ne s’est point fait cette objection, parce qu’il n’a pas remonté jusques à cette époque, qui cependant fournit sur cette matière les informations les plus sûres et les plus complètes qu’on puisse désirer. Il se borne donc à examiner ce qui a pu élever la valeur de l’argent à la fin du quinzième siècle.

    La cause, dit-il, en peut être attribuée à une plus grande demande d’argent occasionnée par le progrès de la richesse, et à laquelle l’ancien approvisionnement n’avait pu suffire ; ou bien on peut l’attribuer à l’épuisement des mines d’argent de l’ancien Monde, qui seraient devenues hors d’état de fournir la même quantité de produits que dans les temps antérieurs ; peut-être enfin, ajoute-t-il, au concours de ces deux causes.

    Sans doute, vers la fin du quinzième siècle, le retour à un état plus tranquille et une administration plus puissante et mieux ordonnée furent de grands encouragements pour le commerce et pour l’industrie, et il est très-vraisemblable que les peuples de l’Europe se trouvèrent dans une situation qui amena une plus abon-