Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/308

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donner à bail à un autre sans le consentement du propriétaire du sol, sauf une très-légère redevance qu’il faut payer à celui-ci lors de l’exploitation. Dans l’un et l’autre de ces règlements, on a sacrifié les droits sacrés de la propriété privée à l’intérêt prétendu du revenu public.

On a donné, au Pérou, les mêmes encouragements à la découverte et à l’exploitation des nouvelles mines d’or ; sur l’or, la taxe du roi ne s’élève qu’à un vingtième du métal au titre ; elle était autrefois d’un cinquième, et elle a été réduite à un dixième comme la taxe sur l’argent, mais on trouva que l’entreprise n’était pas en état de supporter même la plus faible de ces deux taxes. Néanmoins, s’il est rare, disent les mêmes auteurs (Frézier et Ulloa), de trouver quelqu’un qui ait fait sa fortune dans l’exploitation d’une mine d’argent, il est encore bien plus rare d’en trouver qui l’aient faite avec une mine d’or. Ce vingtième paraît être la totalité de la rente qui se paye par la plus grande partie des mines d’or au Chili et au Pérou ; l’or est, en effet, plus facile à passer en fraude que l’argent, non-seulement par rapport à la supériorité de la valeur du métal comparée à son volume, mais encore par rapport à la manière particulière dont la nature le produit. On trouve très-rarement l’argent à l’état natif, mais, comme la plupart des autres métaux, il est ordinairement mêlé à une autre substance, dont il est impossible de le séparer en quantité assez grande pour payer la dépense, sinon par des opérations lentes et pénibles qui ne peuvent s’établir que dans des laboratoires construits exprès pour cela et, par conséquent, exposés à l’inspection des officiers du roi. On trouve, au contraire, presque toujours l’or à l’état natif : on le trouve quelquefois en morceaux d’un certain volume ; et même, quand il se trouve mêlé en parties fort petites et presque insensibles avec du sable, de la terre et d’autres matières étrangères, on vient à bout de l’en séparer par une opération très-courte et très-simple, que tout le monde peut faire dans sa propre maison, avec quelque peu de mercure. Si donc la taxe du roi est mal payée sur l’argent, elle l’est vraisemblablement encore bien plus mal sur l’or, et la rente doit faire encore une bien plus petite partie du prix, dans celui de l’or, que dans celui de l’argent[1].

Le plus bas prix auquel on puisse, pendant un certain temps, vendre les métaux précieux, c’est-à-dire la plus petite quantité d’autres marchandises pour laquelle on puisse les échanger, se règle sur les

  1. Voyez ci-après la iiie section de ce chapitre.