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marché ; aussi, leur prix peut toujours fournir quelque chose pour acquitter une rente au propriétaire de la terre.

Les premières matières qu’on employa pour le vêtement furent les peaux des plus gros animaux. Ainsi, chez les peuples chasseurs et les peuples pasteurs, qui font leur principale nourriture de la chair de ces animaux, chaque homme, en pourvoyant à sa nourriture, se pourvoit en même temps de plus de matière de vêtements qu’il n’en pourra porter. S’il n’y avait pas de commerce étranger, on en jetterait la plus grande partie comme chose sans valeur. C’est ce qui avait lieu vraisemblablement chez les peuples chasseurs de l’Amérique septentrionale avant la découverte de leur pays par les Européens, avec lesquels ils échangent maintenant l’excédent de leurs pelleteries contre des couvertures, des armes à feu et de l’eau-de-vie, ce qui donne quelque va­leur à cet excédent. Dans l’état actuel du commerce du monde connu, les nations les plus barbares, à ce que je pense, chez lesquelles la propriété soit établie, ont quelque commerce étranger de cette espèce, et trouvent, pour toutes les matières de vêtement que leur terre produit, et qu’elles ne peuvent ou travailler ou consommer chez elles, une demande assez forte de la part de voisins plus riches qu’elles, pour en élever le prix au-delà de ce que coûte la dépense de les envoyer au marché. Ce prix fournit donc quelque rente au propriétaire de la terre. Lorsque les montagnards d’Écosse con­sommaient la majeure partie de leurs bestiaux dans leurs montagnes, l’exportation des peaux de ces animaux était l’article le plus considérable du commerce de ce pays, et ce qu’on recevait en échange ajoutait quelque chose à la rente des propriétés du lieu. La laine d’Angleterre, qui, dans les anciens temps, n’aurait pu ni se consommer ni se manufacturer dans le pays, trouvait un marché dans la Flandre, alors bien supé­rieure à l’Angleterre en richesse et en industrie, et son prix contribuait à augmenter un peu la rente du pays qui la produisait. Dans des pays qui n’auraient pas été mieux cultivés que n’était alors l’Angleterre, ou que ne sont aujourd’hui les montagnes d’Écosse, et qui n’auraient pas de commerce étranger, les matières de vêtement se­raient tellement surabondantes, qu’une grande partie en serait jetée comme inutile, et que le reste ne fournirait aucune rente au propriétaire.

Les matières de logement ne peuvent pas toujours se transporter à une aussi gran­de distance que celles de vêtement, et ne deviennent pas non plus aussi promp­tement un objet de commerce étranger. Lors-