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espèce de pâturage pour des bestiaux qui, avec leur lait et l’accroissement du troupeau, suffisent toujours, non-seulement à faire subsister le travail qu’exigent leur garde et leur entretien, ainsi qu’à payer au fermier ou maître du troupeau les profits ordinaires de son capital, mais encore à fournir une petite rente au propriétaire. La rente augmente en proportion de la bonté du pâturage. Non-seulement la même étendue de terre nourrit un plus grand nombre de bestiaux, mais comme ils sont rassemblés dans un petit espace, ils exigent moins de travail pour leur garde et pour la récolte de leur produit. Le propriétaire gagne de deux manières : par l’augmentation du produit, et par la diminution du travail qu’il faut faire subsister sur ce produit.

La rente varie selon la fertilité de la terre, quel que soit son produit, et selon sa situation, quelle que soit sa fertilité. La terre située dans le voisinage d’une ville donne une rente plus élevée qu’une terre également fertile, située dans un endroit éloigné de la campagne. Quoique l’une et l’autre n’exigent peut-être pas plus de travail pour leur culture, il en coûte toujours nécessairement davantage pour amener au marché le produit de la terre éloignée. Il faut donc que ce dernier produit entretienne une plus grande quantité de travail et, par conséquent, que le surplus, dont le profit du fermier et la rente du propriétaire sont tirés tous les deux, en soit d’autant diminué. Mais, comme on l’a déjà fait voir[1], dans les endroits éloignés de la campagne, le taux du profit est généralement plus élevé que dans le voisinage d’une grande ville. Ainsi, dans ce surplus déjà diminué, il ne doit revenir qu’une part d’autant plus petite au propriétaire.

Les grandes routes bien entretenues, les canaux et les rivières navigables, en diminuant les frais de transport, rapprochent du niveau commun les parties reculées de la campagne et celles qui avoisinent la ville. Ce sont aussi, par cette raison, les plus importantes des améliorations ; elles encouragent la culture des terres les plus éloignées, qui forment nécessairement dans un pays la portion la plus étendue de sa surface. Elles sont avantageuses à la ville, en détruisant le monopole des campagnes situées dans son voisinage ; elles sont même avantageuses à cette dernière partie des campagnes. Si elles donnent lieu à introduire dans l’ancien marché quelques denrées rivales du produit de ces campagnes

  1. Chap. ix et x, sect. ii.