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ingénieux échafaudage, en rendant au travail les prérogatives éternelles qui lui appartiennent dans l’intérêt des sociétés. C’est là son plus beau titre de gloire, et quoique les Traités politiques de Hume, qui avaient paru en 1752, aient dû lui suggérer quelques-unes de ses idées sur ces hautes questions, il n’y eut qu’un cri d’admiration, en Angleterre, à l’apparition des Recherches sur les causes de la Richesse, comme si nul autre livre important n’eût été publié avant celui-là[1].

Deux ans après cette publication, Adam Smith fut nommé commissaire des douanes en Écosse, par l’influence du duc de Buccleugh, son ancien élève ; mais cette position qui assurait le repos de ses vieux jours, a été fatale à la science, en condamnant le philosophe de Glasgow à des travaux d’un ordre inférieur, qui ont absorbé le reste de sa vie. En effet, depuis le moment de son installation à Édimbourg en qualité de commissaire des douanes, en 1778, jusqu’en 1790, époque de sa mort, l’illustre économiste se borna au rôle d’éditeur de ses ouvrages. L’université de Glasgow, justement fière des succès du professeur qui lui avait appartenu, lui décerna, en 1787, le titre de recteur, flatteuse distinction à laquelle il se montra très-sensible[2]. Trois années auparavant, Adam Smith avait perdu sa mère et une parente à laquelle il paraissait attaché par les liens les plus tendres. Cette fâcheuse circonstance aggrava chez lui les infirmités de l’âge qui s’étaient fait sentir de bonne heure, malgré la régularité de ses habitudes, et sa mort arriva comme

  1. La première édition des Recherches a paru en 1776, en deux volumes in-4o. L’auteur a fait quelques transpositions et quelques changements dans la seconde, qui est devenue le point de départ de toutes les autres, sauf quelques corrections de peu d’importance à la quatrième édition, publiée en 1784.
  2. « Aucune place, dit-il, ne pouvait me causer une satisfaction plus réelle. Nul homme ne peut avoir plus d’obligations à une société que je n’en ai à l’université de Glasgow. C’est elle qui m’a élevé et m’a envoyé à Oxford. Peu après mon retour en Écosse, elle m’élut au nombre de ses membres. Lorsque je repasse cette période de treize années, pendant lesquelles j’ai été membre de cette société, je l’envisage comme la plus heureuse époque de ma vie ; et maintenant, après vingt-trois ans d’absence, me voir rappelé au souvenir de mes amis d’une manière si agréable, c’est un sentiment qui pénètre mon cœur d’une joie pure et que je ne saurais exprimer. »