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quefois en deçà de la demande. Quand leur importation excède la demande actuelle, plutôt que de courir le risque et la peine de réexporter, ils aiment mieux quelquefois céder une partie de leurs lingots un peu au-dessous du prix moyen ou ordinaire. Quand, d’un autre côté, ils ont importé au-dessous des demandes, ils retirent quelque chose au-delà de ce prix moyen. Mais lorsqu’au milieu de ces fluctuations accidentelles, le prix du marché pour les lingots d’or ou d’argent continue d’une manière durable et constante à baisser plus ou moins au-dessous du prix pour lequel ils sont reçus à la monnaie, ou à s’élever plus ou moins au-dessus, nous pouvons être certains qu’une infériorité ou supériorité de prix aussi durable et aussi constante est l’effet de quelque changement dans l’état des monnaies, qui rend, pour le moment, une certaine quantité précise de métal monnayé, soit de plus grande, soit de moindre valeur que la quantité précise de métal brut qu’il devait contenir. La constance et la durée de l’effet supposent une constance et une durée proportionnées dans la cause.

La monnaie d’un pays quelconque peut être regardée, dans un temps et un lieu déterminés, comme une mesure plus ou moins exacte des valeurs, selon que la monnaie courante est plus ou moins exactement conforme au poids et au titre qu’elle annonce, ou bien qu’elle contient plus ou moins exactement la quantité précise d’or fin ou d’argent fin qu’elle doit contenir. Si, par exemple, en Angleterre, quarante-quatre guinées et demie contenaient exactement une livre pesant d’or au titre, ou onze onces d’or fin et une once d’alliage, la monnaie d’Angleterre serait, dans un temps et un lieu donnés quelconques, une mesure aussi exacte de la valeur actuelle des marchandises que la nature des choses puisse le comporter. Mais si, au moyen du frai, quarante-quatre guinées et demie contiennent, en général, moins d’une livre pesant d’or au titre, le déchet étant toutefois moins fort sur certaines pièces que sur d’autres, alors la mesure de valeur devient sujette à la même espèce d’incertitude à laquelle sont communément exposés tous les autres poids et mesures. Comme il arrive rarement que ceux-ci soient exactement conformes à leur étalon, le marchand ajuste du mieux qu’il peut le prix de ses marchandises, non sur ce que ces poids et mesures devraient être, mais sur ce que, d’après son expérience, il voit qu’ils sont réellement, par évaluation moyenne. En conséquence d’un pareil défaut d’exactitude dans la monnaie, le prix des marchandises se règle de la même manière ; non