Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vingtième partie d’une once, et la deux cent quarantième partie d’une livre. Le schelling ou sou semble aussi d’abord avoir été la dénomination d’un poids. « Quand le froment est à 12 schellings le quarter[1], dit un ancien statut de Henri III, alors le pain d’un farthing[2] doit peser 11 schellings 4 pence. » Toutefois, il paraît que le schelling ne garda pas, soit avec le penny d’un côté, soit avec la livre de l’autre, une proportion aussi constante et aussi uniforme que celle que conservèrent entre eux le penny et la livre. Sous la première race des rois de France, le schelling ou sou français paraît en différentes occasions avoir contenu cinq, douze, vingt et quarante deniers. Chez les anciens Saxons, on voit le schelling, dans un temps, ne contenir que cinq pence ou deniers, et il n’est pas hors de vraisemblance qu’il aura été aussi variable chez eux que chez leurs voisins les anciens Francs. Chez les Français, depuis Charlemagne, et chez les Anglais, depuis Guillaume le Conquérant, la proportion entre la livre, le schelling et le denier ou penny, paraît avoir été uniformément la même qu’à présent, quoique la valeur de chacun ait beaucoup varié ; car je crois que, dans tous les pays du monde, la cupidité et l’injustice des princes et des gouvernements, abusant de la confiance des sujets, ont diminué par degrés la quantité réelle de métal qui avait été d’abord contenue dans les monnaies. L’as romain, dans les derniers temps de la république, était réduit à un vingt-quatrième de sa valeur primitive, et au lieu de peser une livre, il vint à ne plus peser qu’une demi-once[3]. La livre et le penny anglais[4] ne contiennent plus aujourd’hui qu’un

  1. Voyez, à la fin de l’ouvrage, le rapport des mesures anglaises à celles de France.
  2. Quart du penny ou du denier sterling.
  3. M. le sénateur Garnier a contesté l’exactitude de ce fait dans une longue note historique, qui n’est qu’un plaidoyer en faveur de la probité des Romains. Nous ne croyons pas devoir la citer, parce qu’elle n’aboutit à aucune conclusion vraiment scientifique. A. B.
  4. Dans tout le cours de cet ouvrage, toutes les valeurs exprimées en livres, sous et deniers, doivent toujours s’entendre de livres, sous et deniers sterling. On a employé indifféremment le mot sou ou schelling*, et le mot denier ou penny. Pence est le pluriel de penny.

    *. Il est à regretter que le traducteur d’Adam Smith ait commis l’erreur grave d’assimiler le sou français au schilling anglais. Il en résulte une confusion fâcheuse. Le sou, fraction de l’ancienne livre française, ne saurait être comparé que par analogie, au schilling fraction de la livre anglaise. A. B.