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leur coton, et on ne peut l'acheter, dans aucune partie de l'intérieur, beaucoup moins cher qu'à Alexandrie. Mais tout le monde se demande ce que les Arabes font de leur argent; ils ont eu, cette année, 8,000,000 de livres sterling (200,000,000 de francs) de leur récolte, qui, il y a trois ans, ne leur rapportait qu'un million et demi, et l'on sait que beaucoup d'entre eux sont très-riches; cependant on ne s'en aperçoit pas, on ne dépense presque pas plus pour les terres, et un grand nombre d'entre eux continuent à emprunter de l'argent à des taux usuraires. On suppose qu'ils enfouissent une grande quantité d'espèces, comme c'est plus ou moins l'usage dans tout l'Orient; et ils agissent probablement ainsi parce qu'ils ont peur de passer pour riches et de se mettre ainsi en butte aux exactions du gouvernement. Les cultivateurs font aussi un autre emploi de leurs épargnes, moyen dont on ne se doute guère en Angleterre, c'est l'achat d'esclaves noirs; quoique ce trafic soit défendu par les lois du pays, on s'y livre en secret, et ce commerce atteint même de grandes proportions.

L'introduction de machines anglaises pour égrener le coton, innovation qui se répand beaucoup, est un trait curieux du commerce du coton en Egypte. On a commencé à employer ces machines il y a quelques années; mais, pendant cette dernière saison, le nombre en est devenu très-grand. On a installé, pour l'égrenage mécanique, une grande quantité d'établissements, dont plusieurs contiennent de cinquante à cent machines, et l'on compte qu'un tiers environ de la récolte de cette année a été nettoyé à la machine. Ces établissements ont réalisé des bénéfices énormes; plusieurs ont eu, après avoir recouvré le coût de leurs machines, un surplus considérable à la fin de la première saison; mais les beaux jours de leur prospérité sont passés, car il arrive une quantité de machines à égrener, et de nouveaux établissements s'installent de tous côtés dans le pays. On pense que la plus grande partie de la récolte sera nettoyée ainsi l'année prochaine, et le nettoyage à la main, semblable en principe à celui du churka indien, sera bientôt abandonné. Toutes ces