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eût été invendable dans les conditions des années précédentes. Cette abominable tromperie fut pratiquée, l'année dernière, dans presque toutes les régions à coton. Dans le Broach, cet abus a été des plus scandaleux ; les petits marchands, ayant reçu le coton nettoyé, y mêlèrent des graines et de la poussière en grande quantité, et cela ouvertement; certains lots expédiés à la fin de l'année dernière contenaient 50 p. 100 de matières étrangères, et une très-faible portion seulement de la récolte de ce district resta dans une condition de pureté ordinaire.

Dans le Dhollerah, les marchands mêlèrent au coton 20 p. 100 de sable et de poussière dans la plus grande partie de la récolte, ainsi qu'une autorité respectable l'affirme. Dans le Comptah, la falsification atteignit à peu près la même proportion que dans le Broach ; une grande partie de cette récolte était tellement remplie de graines, qu'elle ne fut, pour ainsi dire, bonne à rien.

Mais la plus nuisible de toutes les formes de falsification est celle qui consiste dans le mélange des produits de différentes récoltes dans la même balle, et cela a été aussi pratiqué sur une grande échelle. Cette tromperie ne se découvre qu'au moment où l'on ouvre la balle, et alors l'inégalité des brins rend le coton presque sans valeur pour le filage. Dans le district de Darouar (Dharwar), la récolte se compose d'environ moitié de coton issu de graine d'Amérique naturalisée, et moitié de graine indigène connue sous le nom de Comptah. Tout le coton américain est nettoyé au moyen du cylindre à scie, que la force de ses soies lui permet de supporter, mais les dents aiguës de l'instrument coupent les soies du coton indigène et les abîment au point qu'elles ne sont, pour ainsi dire, bonnes à rien ; dernièrement seulement on a commencé à travailler avec cette machine. Mais le prix élevé que le coton de graine d'Amérique atteignait en Angleterre donna aux marchands indigènes l'idée de mêler les cotons des deux provenances, et une grande quantité de coton provenant de graine indigène fut passée au cylindre avec le coton américain. Le mélange était si complet, qu'il était très-difficile de