Page:Smith - Le commerce du coton dans l'Inde, trad Émion, 1863.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peu de coques, de sorte qu'il est inutile de parcourir les champs pour ramasser le coton plus d'une fois par mois environ. Le fait est que généralement on ne ramasse que deux fois dans la saison, mais dans l'intervalle beaucoup de coton devenant trop mûr et tombant à terre ne peut être ramassé sans que la terre y adhère ; il y en a aussi beaucoup qui, étant exposé à l'air, se pourrit, et perd en grande partie de sa force ; en outre, les feuilles et la coque, devenues fragiles, se cassent, et se trouvent mêlées au coton quand on le ramasse. La mauvaise qualité de la plante est cause en grande partie de ces inconvénients, et il est impossible d'y remédier complètement; mais on pourrait, avec quelques soins, les amoindrir sensiblement. Si les fermiers ramassaient leur coton avec autant de soin qu'on en prend en Amérique, ils ne trouveraient point la rémunération de leurs peines, et, en somme, le coton de l'Inde ne pourrait jamais être aussi propre que celui de l'Amérique.

Mais la manière de traiter les affaires encourage considérablement la façon négligente et malpropre dont on récolte le coton. Comme on l'a vu plus haut, le coton est toujours vendu d'avance, et la quantité seule est considérée dans ces traités, sans que la qualité ait aucune influence sur le prix accordé. Le fermier s'engage à livrer tant de candis ou maundes à un prix fixé au poids ; le marchand de l'intérieur fait de même avec les marchands de Bombay; aucune récompense n'est offerte à celui qui produit un article supérieur, aucune peine infligée à celui qui en produit un inférieur.

Aucun commerçant de Bombay ne s'engage à livrer autre chose qu'une qualité moyenne raisonnable de la récolte de l'année. Si toute la récolte est mauvaise, on ne peut le forcer à livrer une meilleure qualité, et il ne peut réellement pas traiter autrement ; car les petits marchands de village de l'intérieur, qui fournissent les grands marchands, sont obligés de prendre le coton que les fermiers leur livrent, quelle qu'en soit la qualité. Les fermiers sont rarement accusés de falsifier le coton; le seul intérêt qu'ils pourraient