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était habituellement petit marchand aussi, tenant principalement l'article de coton, et sous l'ancien régime les produits de tout le voisinage devenaient généralement sa propriété, longtemps avant que les récoltes fussent arrivées à maturité. La manière dont se faisaient les petites affaires en coton dans l'intérieur était très-variée, parce que chaque district ou province avait ses coutumes héréditaires. Dans quelques districts, l'usage était que les fermiers reçussent des avances au moment des semailles, et livrassent le coton récolté aux petits marchands, qui le revendaient au nom et au compte du fermier, déduisant des sommes reçues le montant qui leur était dû. Dans d'autres cas, le marchand s'engageait, par contrat, au moment de la plantation, à prendre, lorsqu'il serait ramassé, le coton du fermier moyennant un prix fixé, et lui faisait en même temps de grandes avances. Il était encore d'usage, dans beaucoup d'endroits, que les fermiers reçussent annuellement des marchands de la localité toute fourniture qu'ils exigeraient, et qu'ils rachetassent, après la récolte, leur propre coton au prix courant du marché. Il est inutile d'énumérer les différentes manières dont se traitaient les affaires entre les petits marchands et les fermiers, il suffit de savoir qu'il en résultait ceci : dans toute la région du coton, les récoltes devenaient la propriété de ces marchands au moment de la plantation, ou bientôt après, et il n'y avait presque point d'exemple d'un fermier ayant gardé son coton jusqu'à la récolte et le vendant lui-même après l'avoir ramassé.

Mais les petits marchands de village étaient rarement assez riches pour faire ce commerce sans être aidés de quelque manière; ils ne pouvaient avancer aux fermiers la plus grande partie de la valeur de leurs récoltes, et attendre ensuite, pour être remboursés, que celles-ci fussent vendues six mois plus tard. Ils étaient obligés de contracter avec des marchands plus riches, des grandes villes de l'intérieur, et recevaient d'avance une partie du prix stipulé. Supposons, par exemple, qu'un marchand de village devint propriétaire de 100 balles de coton, en avançant aux cultivateurs du voisinage