Page:Smith - Le commerce du coton dans l'Inde, trad Émion, 1863.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par certains écrivains. Pour combler cette lacune, l'auteur va soumettre au public tout ce qu'il sait sur la manière dont se fait le commerce du coton dans ce pays.

Dans ce but, jetons un coup d'œil sur la condition sociale de la population agricole dans l'Inde. Les droits sur la terre sont totalement différents de ceux consacrés par les lois européennes. On connaît à peine le droit absolu à la propriété privée du sol, et de temps immémorial les gouvernements indigènes se sont, selon la coutume, réservé ce droit. L'occupant de la terre était considéré et traité comme un locataire, sujet à tel loyer qu'il plaisait au gouvernement de fixer, et ce loyer ou taxe sur la terre a fourni, jusqu'à une époque encore peu éloignée, tout le revenu de l'État.

A mesure que l'autorité anglaise a supplanté les gouvernements indigènes, le même principe a été suivi, mais il a été modifié dans son application. Dans le Bengale, sous lord Cornwallis, on a accordé à certains grands possesseurs de terre un droit de propriété sujet à un loyer fixe ; ces propriétaires forment aujourd'hui une sorte de noblesse indigène, et on les nomme habituellement Zemindars. Ils possèdent de grandes propriétés, et ils ont au-dessous d'eux une classe inférieure de fermiers, qui cultivent le sol et possèdent certains droits de locataires qui leur sont garantis par le gouvernement ; mais un autre système prévaut dans presque tout le reste de l'Inde anglaise. Il n'existe aucune classe de grands propriétaires, les petits cultivateurs ou fermiers tiennent le sol directement du gouvernement, et font valoir une petite ferme dont le produit suffit bien juste à la subsistance de la famille. C'est le système en usage dans les districts à coton de la présidence de Bombay. Dernièrement encore les fermes de ces cultivateurs étaient imposées annuellement ; mais maintenant, dans presque toute la présidence de Bombay, on a fixé la taxe pour trente ans, à un taux si modéré que, dans certains districts, en conséquence de la hausse considérable des prix, l'impôt perçu par le gouvernement n'est que le cinquième ou même le dixième de la valeur du produit. Il est donc évident que la position des fermiers