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social dut proportionner sa consommation à ses revenus, et la société, dont il faisait partie, dut suivre la même règle ; elle ne dut, elle ne put, sous peine de se ruiner, consommer annuellement que des revenus annuels. Si elle entamait une fois ses capitaux, elle détruisait tout ensemble ses moyens de reproduction et ses moyens de consommation future. Cependant la totalité de ce qu'elle produisait était destinée à la consommation ; et si ses produits annuels, apportés sur le marché auquel ils étaient destinés, n'y trouvaient point de consommateurs, la reproduction était arrêtée, et la nation se ruinait au sein de l'abondance. Nous abordons ici la question la plus abstraite et la plus difficile de l'économie politique. La nature du capital et celle du revenu se confondent sans cesse dans notre imagination ; nous voyons ce qui est revenu pour l’un, devenir capital pour l'autre, et le même objet, en passant de mains en mains, recevoir successivement différentes dénominations ; tandis que sa valeur, qui se détache de lui, semble une quantité métaphysique que l’un dépense et que l'autre échange, qui périt dans l'un avec l'objet lui-même, qui se renouvelle dans l'autre et dure autant que la circulation. Cependant, s’il est si difficile de distinguer le capital d'avec le