Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au moins, qu'il l'appliquait à son usage.

Cependant c’est une grande erreur, dans laquelle sont tombés la plupart des économistes modernes, que de se représenter la consommation comme une puissance sans bornes, toujours prête à dévorer une production infinie. Ils ne cessent d'encourager les nations à produire, à inventer de nouvelles machines, à perfectionner leurs travaux, pour que la quantité d'ouvrage achevée dans l'année surpasse toujours celle de l'année précédente : ils s'affligent de voir multiplier le nombre des ouvriers improductifs ; ils signalent les oisifs à l'indignation publique, et, dans une nation où les pouvoirs des ouvriers ont été centuplés, ils voudraient que chacun fût ouvrier, que chacun travaillât pour vivre.

Mais d'abord le solitaire travaillait pour avoir du repos ; il accumulait des richesses pour en jouir sans rien faire : le repos est un goût naturel à l'homme, c'est le but et la récompense du travail ; et les hommes renonceraient probablement à tous les perfectionnements des arts, à toutes les jouissances que nous donnent les manufactures, s’il fallait que tous les achetassent par un travail constant, tel que celui de l'ouvrier. La division des métiers et celle des con-