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CHAPITRE III.

Augmentation des besoins de l'homme social, et bornes de la production

Depuis que les hommes s'étaient réunis en société, depuis qu'ils s'étaient partagé les travaux, beaucoup plus d'ouvrage fut fait sur la terre. Chacun, en ne s'occupant que d’une seule opération, avait acquis pour l'accomplir une dextérité extraordinaire ; chacun avait profité pour augmenter son ouvrage des forces aveugles de la nature qu'il avait réussi à asservir ; chacun avait multiplié sa propre action par les pouvoirs scientifiques, dont les mécaniciens lui avaient révélé l'emploi. Tandis que dans l'état sauvage, un homme par le travail de toute sa journée pouvait à peine pourvoir à ses plus pressants besoins, il suffirait, dans la société la plus perfectionnée, qu'un homme sur cent, qu'un homme sur mille peut-être, travaillât dans les manufactures, de la même manière, pour produire une quantité égale d'ouvrage, tandis que tous les autres pourraient rester oisifs. Les travaux de l'agriculture, il est