une jouissance future ; mais en général on n’a besoin d’aucun travail pour se les procurer, ils ne sont point une richesse. Tous les travaux qui ont manqué leur but ne sont point une richesse dès qu’on n’en peut retirer aucune jouissance, encore que l’ouvrage fait subsiste. L’exercice, la musique, la danse, sont tout ensemble des travaux et des jouissances ; mais ils ne font point partie de la richesse, parce qu’on ne peut point en réserver la jouissance pour un autre temps.
Avant d’avoir aucun moyen d’échange, avant de songer aux métaux précieux qui les facilitent pour nous, le solitaire, que nous avons supposé dans son île, aura déjà appris à distinguer les travaux dans leur rapport avec la richesse. S’ils ne produisent aucune jouissance, ils sont inutiles ; si leurs fruits sont de nature à ne pouvoir jamais être réservés pour une consommation future, ils sont improductifs ; tandis que les seuls travaux productifs, ou qui créent la richesse, sont ceux qui laissent après eux un gage au moins égal en valeur, aux yeux mêmes du solitaire, à la peine qu’ils lui ont coûté. Ainsi le solitaire, trompé par l’analogie, a pu croire qu’il multiplierait ses oliviers en semant des olives ; il a pu ignorer que leur noyau ne germait point comme celui des autres fruits ;