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Nous avons dit que le travail qui crée la richesse peut être médiat ou immédiat. En effet, l’homme, en s’appropriant les objets naturels, leur donne souvent une valeur, seulement perce qu’il les réserve ainsi pour un travail à venir, ou qu’il les y associe, quoiqu’il ne change point leur substance. Le solitaire, lorsqu’il a enclos un pré, a donné de la valeur aux gazons qu’il n’a point touchés, mais qu’il a seulement mis à l’abri des insultes des bêtes fauves ; lorsqu’il a multiplié son bétail, il a donné de la valeur aux pâturages qui sont plus à sa portée ; lorsqu’il a profité d’une chute d’eau pour faire tourner se meule, il a donné de la valeur au torrent lui-même. Ce qui est vrai de l’homme isolé l’est plus encore de la société ; le travail qu’on a fait donne une valeur aux choses qui serviront au travail qu’on peut faire.

Nous avons dit aussi que l’usage peut être médiat ou immédiat ; ainsi le foin que recueille le solitaire a de la valeur, non pour lui-même, mais pour son bétail qu’il nourrit.

Nous avons dit, enfin, que tout objet qui ne réunit que deux des trois conditions que nous avons énumérées, n’est point une richesse dès que la troisième lui manque. L’air, l’eau, le feu, ne sont pas seulement utiles ; ils sont nécessaires à la vie : ils peuvent être réservés pour