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Après cette profession de notre admiration profonde pour ce génie créateur, de notre vive reconnaissance pour une lumière que nous ne devons qu’à lui, on s’étonnera sans doute d’apprendre que le résultat pratique de la doctrine que nous empruntons de lui nous paraît souvent diamétralement opposé à celui qu’il en a tiré, et que, combinant ses principes mêmes avec l’expérience d’un demi-siècle, pendant lequel sa théorie a été plus ou moins mise en pratique, nous croyons pouvoir démontrer qu’il fallait, en plus d’une circonstance, en tirer de tout autres conclusions.

Nous professons, avec Adam Smith, que le travail est la seule origine de la richesse, que l’économie est le seul moyen de l’accumuler ; mais nous ajoutons que la jouissance est le seul but de cette accumulation, et qu’il n’y a accroissement de la richesse nationale que quand il y a aussi accroissement des jouissances nationales.

Adam Smith, ne considérant que la richesse, et voyant que tous ceux qui la possèdent ont intérêt de l’accroître, a conclu que cet accroissement ne pourrait jamais être mieux favorisé qu’en abandonnant la société au libre exercice de tous les intérêts individuels. Il a dit au gou-