Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/423

Cette page n’a pas encore été corrigée

414 DE LA RICHESSE COMMERCIALE. l'inconvénient grave d'établir le régime vexa- toire des douanes, decouvrir les frontières d’une armée de commis, et d'une autre armée, non ” moins redoutable, de contrebandiers, et d’ac- coutumer les sujets à la désobéissance. Il faut se souvenir surtout qu'il n’est pas de l'intérêt d’une nation de tout produireindifféremment; qu'elle doit s'attacher seulement aux marchandises ou aux denrées qu'elle peut manufacturer mieux que ses rivales, ou à celles qui, à quelque.prix qu'elles lui reviennent, sont essentielles à sa sûreté. Il faut enfin ne jamais perdre de vue le but qu'on s'était proposé en favorisant le com- merce: c'est d'augmenter le revenu de la nation proportionnément à sa population, et de lui procurer ainsi plus d'aisance. Une manufacture nouvelle , à quelque perfection qu’elle aït porté ses produits, et même quelque bénéfice qu’elle donne à son entrepreneur en chef, n'est point prospérante, si le salaire des ouvriers ne les maintient pas dans une certaine aisance, ou si elle ne se soutient qu'en faisant exister une po- pulation dont la vie même est une souffrance. Si le système prohibitif donne aux manufac- tures commencantes un encouragement très- puissant, mais très-dispendieux, il ne fait point éprouver de bénéfices à celles qui sont déjà prospérantes ; ou du moins le sacrifice qu'il im-