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405 DE LA RICHESSE COMMERCIALE.

maîtres seuls se mariaient, et l'augmentation de la famille de ceux-ci se proportionnait tou- jours à leur richesse. En effet, la population des villes, loin de se trouver surabondante, avait constamment besoin de se recruter dans la campagne.

Aujourd'hui au contraire , le manufacturier vivant au jour le jour, et parvenant jusqu'au dernier terme de sa vie sans acquérir jamais une plus grande garantiesur le revenu qu'il peut obtenir par son travail, ne voit aucune époque précise à laquelle il doive se décider entre le célibatetle mariage; etcommeils'est accoutumé à cette incertitude, et qu’il la regarde comme l'état naturel de toute sa classe, au lieu de re- noncer à tous les plaisirs, à toutes les consola- tions domestiques, il se marie dès la première bonne année, quand les gages du travail sont élevés. D'ailleurs le mariage lui est rendu plus facile; sa femme awssi-bien que lui travaille dans la manufacture ; tous deux vivaient sépa- rément, tous deux croient pouvoir vivre en- semble. La même manufacture attend leurs en- fans, etleur donne de l'emploi dés l'âge desix ou huit ans; lorsque l’ouvrier a fait l'avance bien peu coûteuse de la première nourriture de son enfant, chaque fils nouveau qui parvient à l'äge où son travail est payé, lui paraît ajouter &