et qu'elle est le résultat nécessaire de l'ordre actuel.
D'après les statuts de presque tous les corps de métier, un homme ne pouvait être passé maître qu'après vingt-cinq ans ; mais s’il n'avait pas un capital à lui, s’il n'avait pas fait des économies suffisantes, il continuait bien plus longtemps à travailler comme compagnon ; plusieurs, et peut-être le plus grand nombre des artisans, demeuraient compagnons toute leur vie. Il était presque sans exemple, cependant, qu'ils se mariassent avant d'être reçus maîtres : quand ils auraient été assez imprudents pour le désirer, aucun père n'aurait voulu donner sa fille à un homme qui n'avait point d'état.
Le nombre des naissances n'est pas uniquement réglé par celui des mariages. Un père sait qu'il doit établir ses enfants, et il redoute une fécondité qui ferait sa ruine. Chaque fils qu'il devait mettre en apprentissage demeurait entièrement à sa charge jusqu'à près de vingt ans ; il fallait encore trouver un capital pour payer cet apprentissage et établir son fils dans le monde ; il évitait donc d'avoir plus d’enfants que sa fortune ne lui donnait le moyen d'en pourvoir. La population des villes n’était donc pas renouvelée par la plus basse classe, mais par la plus haute entre les artisans, puisque les