Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/414

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRR IV, CHAPITRE X ‘ 40 et qu'elle est le résultat nécessaire de l'ordre actuel.

D'apres les statuts de presque tous les corps de métier, un homme ne pouvait ètre passé maltre qu'après vingt-cinq ans; mais s’il n'avait pas un capital & lui, s’il n'avait pas fait des écono- mies suffisantes, il continuait bien plus long- temps à travailler comme compagnon; plu- sieurs, et peut-être le plus grand nombre des artisans, demeuraient compagnons toute leur vie. Il était presque sans exemple, cependant, qu'ils se mariassent avant d'être recus maîtres : quand ils auraient été assez imprudens pour le désirer, aucun père n'aurait voulu donner sa fille à un homme qui n'avait point d'état.

Le nombre des naissances n'est pas unique- ment réglé par celui des mariages. Un pére sait qu'il doit établir ses enfans, et il redoute une fécondité qui ferait sa ruine. Chaque fils qu'il devait mettre en apprentissage demeurait en- tiérement à sa charge jusqu'à près de vingt ans; il fallait encore trouver un capital pour payer cet apprentissage et établir son fils dans le monde ; il évitait donc d'avoir plus d’enfans que sa fortune ne lui donnait le moyen d'en pourvoir. La population des villes n’était donc pas renouvelée par la plus basse classe, mais par la plus haute entre les artisans, puisque les