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réaliser, avec moins de perte qu’aucun autre citoyen, les sommes qu’on leur demandait. Les négocians trouvèrent donc moyen de se faire écouter, parce qu’ils avaient en quelque sorte le commandement de tout l’argent de l’état, et qu’en même temps ils étaient presque indépendans de l’autorité, car ils pouvaient le plus souvent soustraire aux coups du despotisme une fortune qui demeurait inconnue, et la transporter d’un moment à l’autre, avec leur personne, dans un pays étranger.

Les gouvernemens auraient volontiers augmenté les profits des marchands, sous condition de partager avec eux. Ils crurent qu’il ne s’agissait pour cela que de s’entendre. Ils offrirent aux marchands la force pour appuyer l’industrie ; et puisque le bénéfice de ceux-ci consistait à vendre cher, et à acheter bon marché, ils crurent qu’ils protégeraient efficacement le commerce, s’ils lui donnaient les moyens de vendre plus cher encore, et d’acheter meilleur marché. Les marchands qu’ils consultèrent, saisirent avidement ces offres ; c’est ainsi que naquit le système mercantile. Antonio De Leyva, Fernand De Gonzague, le duc de Tolède, ces avides vice-rois de Charles-Quint et de ses descendans, inventeurs de tant de monopoles, n’avaient pas d’autre notion d’économie poli-