Page:Sismondi - Nouveaux Principes d’économie politique.djvu/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la vie, sont condamnés en effet à faire mouvoir une roue, à tourner un robinet, à dévider une bobine. Plus de galons, plus d’épingles, plus de fils et de tissus de soie et de coton sont le fruit de cette grande division du travail ; mais à quel prix odieux ils ont été achetés, si c’est par le sacrifice moral de tant de milliers d’hommes !

À l’occasion de la division du travail, une partie du capital national a toujours été fixée, non pas dans une machine, mais dans l’ouvrier lui-même qui en fait les opérations. Il lui a fallu un certain apprentissage, un certain emploi de son temps, une certaine consommation de subsistance sans revenus, pour acquérir cette habileté, par laquelle il est supérieur au commun des hommes. L’épinglier, le tisserand, l’ouvrier dans une filature, savent faire quelque chose de plus que le manœuvre ordinaire ; ils ont acquis la connaissance de leur métier par plus de travail et de plus longues privations. On ne remarque point l’emploi et la déperdition du capital qui les a formés, parce qu’il est pris sur leurs petites avances ou sur les petites économies de leurs parens. Cependant ils ont réellement coûté une certaine somme, et leur travail devrait en rapporter la rente à fonds perdu, en sus du salaire commun. Il arrive pres-