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nent dans un autre ordre de personnes que les gouvernemens libres. La première recommandation à leurs yeux est celle d’un rang assez élevé pour que leurs mandataires aient vécu dans un noble loisir, ou tout au moins dans une complète ignorance de l’économie domestique. Les ministres de Charles-Quint, quelque talent qu’ils eussent pour les négociations ou l’intrigue, étaient tous également ignorans dans les affaires pécuniaires. Ils ruinèrent les finances publiques, l’agriculture, les manufactures, le commerce, et toute espèce d’industrie, d’une extrémité à l’autre de l’immense monarchie autrichienne, et ils firent sentir au peuple toute la différence qu’on devait en effet s’attendre à trouver entre leur ignorance, et les connaissances pratiques des magistrats républicains.

Charles-Quint, et son rival François Ier, et Henri VIII, qui voulait tenir entre eux la balance, s’étaient engagés dans des dépenses supérieures à leurs moyens. L’ambition de leurs successeurs, et l’obstination de la maison d’Autriche, qui continua pendant plus d’un siècle des guerres ruineuses, firent augmenter sans cesse ces dépenses, en dépit de la misère publique. Mais plus la souffrance fut générale, plus les amis de l’humanité sentirent l’obliga-