Un grand changement survenu dans la politique générale de l’Europe, au seizième siècle, ébranla presque partout la liberté publique, opprima les petits états, détruisit les priviléges des villes et des provinces, et transporta le droit de disposer de la fortune nationale à un petit nombre de souverains absolument étrangers à l’industrie par laquelle les richesses s’accumulent ou se conservent. Jusqu’au règne de Charles-Quint, une moitié de l’Europe, soumise au régime féodal, n’avait point de liberté, point de lumières et point de finances ; mais l’autre moitié, qui était déjà arrivée à un haut degré de prospérité, qui augmentait chaque jour sa richesse agricole, ses manufactures et son commerce, était gouvernée par des hommes qui avaient fait dans la vie privée l’étude de l’économie, qui, en élevant leur propre fortune, avaient appris ce qui convient à celle des états, et qui, chefs d’un peuple libre, envers lequel ils étaient responsables, prenaient l’intérêt de tous pour guide de leur administration, et non leur ambition privée. On ne voyait, au quinzième siècle, de richesse et de crédit que dans les républiques italiennes, dans celles de la ligue anséatique, les villes impériales de l’Allemagne, les villes libres de la Belgique et de l’Espagne, et peut-être encore quelques villes
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