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femmes, tout au moins pour sa population gardienne, analyser avec tant de justesse l’origine des intérêts pécuniaires et la formation de la société. Les anciens se laissaient quelquefois égarer par la vivacité de leur imagination, et ils étaient trop enclins à substituer l’essai de théories toutes spéculatives, aux leçons d’une expérience qui leur manquait. Mais du moins ils ne perdaient jamais de vue que la richesse n’avait de prix qu’autant qu’elle contribuait au bonheur national ; et justement parce qu’ils ne la considéraient jamais abstraitement, leur point de vue était quelquefois plus juste que le nôtre.

Les Romains nous ont laissé quelques livres sur l’économie rurale, mais aucun sur la science qui nous occupe.

Au reste, l’intérêt personnel n’attend pas que les philosophes lui aient tracé une théorie de la richesse avant de la recherche ; et les ruines de l’antique civilisation des Grecs et des Romains, que nous voyons encore subsister, nous attestent que l'opulence des nations peut arriver presque au plus haut terme, sans que la science qui enseigne à hâter ses développemens ait été cultivée.