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un olivier sur cent, chaque année, un mûrier sur cinquante, un cep de vigne sur vingt. C’est au propriétaire à faire ces avances, dont le fermier ou le métayer ne peuvent recueillir les fruits. S'il les néglige pendant plusieurs années de suite, tout dépérit, et le moment arrive en fin où la ferme devient presque déserte, où la vigne, les mûriers, les oliviers ne compensent plus le travail qu’ils requièrent, et ne rendent plus autant qu'auraient fait des champs ou des prés. Ceux-ci à leur tour ont besoin de nombreux attelages, de charrues, et d'un train d'agriculture que le dissipateur a laissé dépérir; de troupeaux qu'il a vendus dans un moment de besoin; de domestiques et de manœuvriers dont il a renvoyé une partie, parce que, faute d'argent, il a épargné sur toutes les avances d'agriculture. Il devient alors plus profitable de renoncer à la culture des champs, de les changer en un pâturage, et d'en louer le parcours à quelques propriétaires de grands troupeaux. Telle est la lente décadence par laquelle un sol, semblable au riant territoire de Lucques, qui porte en quatre ans six riches récoltes, qui est couvert en même temps d'oliviers, de vignes, de figuiers, de mûriers, peut arriver en fin à ressembler aux vastes campagnes qui s'étendent autour de Rome, ou à celles de la Capi-