des délais dont il ne sait pas profiter ; il s'engage dans une suite de marchés plus ruineux l'un que l’autre, pour se procurer seulement un court répit dans ses embarras ; il souffre en fin toutes les misères de la pauvreté, toutes ses craintes, tous ses soucis, toutes ses humiliations, sans vouloir renoncer à ses équipages, à son luxe apparent, au vain éclat dont il s'entoure, et qu'aucune jouissance n'accompagne ; et il arrive au terme de sa vie, accablé de dettes qu'il n’a aucun moyen de satisfaire.
Le dissipateur meurt enfin, et la propriété substituée passe en entier au nouvel héritier fiduciaire, sans que celui-ci soit garant des erreurs et des fautes de son père. C'est ce qu'a voulu le testateur qui a fondé la substitution perpétuelle ; c'est ce qu'a voulu le législateur qui l'a prise sous sa garantie. Cependant, tous les créanciers du père sont ruinés par sa faillite. Ils avaient à prétendre cinq fois, dix fois, la valeur de tout son revenu ; c'était leur capital ; quand ils le perdent, la nation le perd avec eux. Les marchands, les manufacturiers qui lui avaient vendu font faillite ; les artisans, les domestiques voient disparaître les épargnes qu'ils avaient faites pour leurs vieux jours. Les longues et pénibles économies des classes qui accumulent sont anéanties en un seul jour par la