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on la désintéresse d'une terre qui lui est devenue en quelque sorte étrangère ; on la déshérite du droit commun de l'homme, du droit qu'il doit exercer sur les biens de cette terre, d'une manière aussi illimitée que ses prédécesseurs l'ont exercé avant lui, que ses successeurs l’exerceront un jour. Mais ce n'est pas tout, par cette distribution injuste des fortunes, on change les dispositions morales de ceux qu'on a prétendu favoriser, et on ôte l'activité à leur âme, tout comme on l'ôte aux capitaux que la substitution a enchaînés pour leur usage.

Un frère aîné, dans un pays où il hérite de toute la fortune, et plus encore, si cette fortune est substituée, regarde ses plus jeunes frères comme seuls faits pour embrasser les carrières actives et profitables. Mais, pour lui, il croira avoir rempli sa tâche s’il soigne le patrimoine que lui ont laissé ses pères. On lui a fait de bonne heure une vertu de savoir vivre en gentilhomme, on l'écarte des occupations, des études, des connaissances, qu'on lui représente comme faites uniquement pour les subalternes, et qu'on appelle devant lui mercantiles, mécaniques, serviles. On lui fait comprendre que pendant que ses frères chercheront par divers moyens à remonter leur fortune, c'est à lui qu'appar-