CHAPITRE XI.
Des lois destinées à perpétuer la propriété de la terre dans les familles.
L'intérêt de la société exige que la propriété se divise de la même manière qu'elle s'est accumulée, et que, par une circulation rapide, tous jouissent à leur tour d'une fortune que tous élèvent à leur tour par leur travail. La société prospère par les efforts que chacun fait pour élever sa richesse, mais elle souffre dès l'instant que cette activité cesse ; et c'est à ses dépens qu'on rend stationnaire un ordre qui, pour le bien de tous, doit être progressif.
Ce n’est point ainsi que l'ont entendu les législateurs. Presque toujours tirés eux-mêmes des classes qui ont fait leur fortune, ils ont cru que ce n’était point assez d'assurer aux riches la jouissance de leurs richesses, qu'il fallait encore faire en sorte que ces richesses fussent toujours à eux et à leurs enfants. Ce qui avait été acquis par l'activité, ils ont voulu qu'on pût le garder dans le repos, sans que l’activité des autres pût faire ce qu'ils avaient fait eux-mêmes : et ils ont érigé en maxime d'état que