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ver à jour fixe le prix de la ferme et l'argent des impôts, les expose à des embarras plus cruels, à des pertes plus sévères, ils ont aussi plus d'espérances ; leur carrière n’est point limitée, ils peuvent s'avancer, ils peuvent s'enrichir, et passer au rang de propriétaires, comme ils l'ambitionnent tous. Ce mélange d'espérances et de craintes développe l'esprit, il fait sentir le prix des connaissances, et il forme aux sentiments élevés : les fermiers en France sont français, les métayers ne sont que vassaux.

Mais en Angleterre, les fermiers participant aux progrès de l'aisance générale, et à l'accumulation des capitaux, sont sortis d’une classe plus relevée de la société. Pour faire valoir leurs épargnes, ils ont pris des fermes plus considérables ; des connaissances plus étendues et une meilleure éducation leur ont fait traiter l'agriculture comme une science. Ils lui ont appliqué plusieurs découvertes importantes faites dans la chimie et l'histoire naturelle. Ils ont aussi joint quelques habitudes mercantiles à celles des cultivateurs. L'espérance d'un plus grand bénéfice leur a fait faire des avances plus considérables. Ils ont renoncé à cette épargne née du besoin, qui est contraire à la vraie économie ; ils ont tenu plus régulièrement leurs comptes,