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été formées par Catherine et ses prédécesseurs, pour en gratifier quelque favori ; et alors les paysans des terres de la couronne, ainsi donnés, perdaient tous leurs privilèges et devenaient esclaves. Le souverain actuel s'est abstenu d'en donner jamais ; mais aucune loi ne lie à cet égard les volontés de lui-même ou de ses successeurs.

En 1782, les esclaves qui appartenaient à la noblesse russe formaient une population de six millions six cent soixante-dix-huit mille individus mâles. Parmi ceux-ci, le plus grand nombre encore peut-être est assujetti aux travaux agricoles, et paye l'obroc ; ce sont les moins malheureux, quoique cet obroc soit variable à la volonté de leurs maîtres, et que le reste de leur propriété, non plus que leur personne, ne jouisse d'aucune garantie ; en sorte que tout ce qu'ils ont épargné par une longue industrie, peut leur être enlevé tout à coup. D'autres font des corvées pour leur maître ; d'autres enfin sont donnés en bail à des fermiers. De plus, tous les esclaves des nobles peuvent être enlevés aux travaux agricoles pour être attachés aux mines, aux fabriques et aux métiers, ou pour être employés aux services domestiques, soit chez leurs maîtres, soit chez ceux à qui leurs maîtres les louent.