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quelque aisance dans leurs ménages, et on en a vu élever de grandes fortunes. Cependant, cette classe privilégiée elle-même peut perdre tout à coup tous ces avantages ; elle peut être allouée aux fabriques, donnée à bail, et vendue ou cédée à des particuliers qui remettent ces malheureux dans un complet esclavage.

Encourager les manufactures et les mines a été la politique du siècle en Russie comme dans le reste de l'Europe. La couronne elle-même a des mines et des fabriques, auxquelles elle alloue des paysans de cette classe qui cessent de payer l'obroc, pour être assujettis aux corvées, et qui ne peuvent plus quitter le métier où ils travaillent alors, pas plus que les condamnés aux travaux forcés dans les maisons de correction. Elle accorde de la même manière des villages à ceux qui introduisent dans l'état quelque industrie nouvelle, et la condition des malheureux paysans que leur cessionnaire change en manufacturiers devient encore plus dure. Les domaines de la couronne, dans les provinces autrefois suédoises et polonaises, sont souvent donnés à bail à des employés civils ou militaires, que le souverain veut récompenser ; et le fermier ou les sous-fermiers ne manquent guère de rendre plus dure la condition des paysans. Enfin de nouvelles terres ont souvent