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et de sa terre ; seulement elle est demeurée chargée de rentes et de quelques services féodaux. Bien plus, pour que cette classe ne se trouvât pas ensuite opprimée, ou lentement expropriée par les riches seigneurs qui devaient vivre au milieu d'elle, la loi n'a point permis au gentilhomme d'acheter aucune terre roturière; ou, s'il l'achète, il est obligé de la rendre aux mêmes conditions à quelque autre famille de paysans, de manière que la propriété nobiliaire ne vienne jamais à s'accroître, ou la population agricole à diminuer.

Cette population, jouissant de l'abondance et de la sécurité, a atteint de bonne heure dans ces provinces les bornes qui convenaient tout ensemble à son aisance et à une bonne culture, mais elle ne les a point dépassées. Les pères de famille, connaissant leurs ressources, n'ont garde de se réduire à l'indigence, ou de marier plus d'enfants qu'ils n'en pourraient établir. On peut s'en fier aux hommes pour se maintenir dans leur condition quand ils peuvent la juger, et qu'ils ne dépendent que d'eux-mêmes. La classe qui surcharge toujours l'état d'une population misérable, est celle qui, comptant pour vivre sur ses bras seulement, et sur la volonté d'autrui, n'a aucun moyen de juger des chances qui se présenteront à ses enfants.